En parallèle de la RE2020, la filière bois lance son plan « Ambition Bois-Construction 2030 » pour accompagner les acteurs du bâtiment vers la neutralité carbone, dans une dynamique de mixité des matériaux. Ce plan comprend 10 engagements, aussi bien en termes de préservation de l’environnement, que de créations d’emplois, de formation, de R&D et d’investissements.
Objectifs et enjeux du Plan Ambition Bois Construction 2030
Rappelant les objectifs environnementaux nationaux, notamment la neutralité carbone à l’horizon 2050 fixé par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), la filière bois présente son plan « Ambition Bois-Construction 2030 ». Il vise à répondre aux enjeux du secteur, déjà annoncés avec la future réglementation environnementale 2020 (RE2020), à savoir :
- Accompagner les acteurs du bâtiment et les former à la mise en œuvre de matériaux qui stockent ou transforment le carbone, comme le bois et les biosourcés ;
- Favoriser la mixité des matériaux dans les constructions, composés à la fois de bois et de matériaux plus conventionnels ;
- Soutenir la transition vers la neutralité carbone.
Si la RE2020 intègre pleinement la réduction des émissions carbone du bâtiment dans ses dispositions, ce plan devrait s’inscrire dans la même lignée pour traduire de manière concrète les mesures à mettre en place.
Pour atteindre un objectif de réduction du poids de carbone de 49% à l’horizon 2030 et une décarbonation complète pour 2050, la filière bois-construction préconise notamment de passer de « 6% de logements construits en bois ou matériau biosourcé en 2018 à une proportion significative en 2030 ». En effet, en rappelant les qualités environnementales du bois (1m3 de bois = 800 kg.éq CO2 stockés), la filière affirme que « c’est du volume des matériaux biosourcés et du bois utilisé, que dépendra la vitesse d’atteinte de la neutralité carbone ».
Pour ces raisons, la filière recommande de retenir la construction bois comme « système constructif de référence (ou exemplaire) » à l’horizon 2030 pour les maisons individuelles, le petit collectif et le petit tertiaire. En parallèle, la nécessaire mixité des matériaux devrait conduire à l’intégration de plus en plus importante de produits bois et biosourcés dans la construction des autres typologies de bâtiments. Pour les immeubles de moyenne et grande hauteur, la filière bois considère que « la mixité s’avère non seulement nécessaire, mais qu’elle devrait aussi perdurer ». La quantité de bois mise en œuvre pourrait être « de l’ordre de 30% à échéance 2030 », en intégrant l’ensemble des composants bois, comme la structure ainsi que l’enveloppe, l’agencement, la décoration, etc.
Dans ce communiqué, la filière forêt-bois et biosourcée affirme être aujourd’hui « la première filière contributrice à l’enjeu historique de réduction de l’effet de serre ». Dès lors, elle prend « 10 engagements pour répondre aux attentes environnementales de demain dans l’acte de construire », traduites par les objectifs fixés dans la définition de la RE2020.
Les 10 engagements à l’horizon 2030
Le Plan « Ambition-Bois Construction 2030 » comprend 10 engagements en termes d’environnement, d’emploi, de formation, de R&D et d’investissements, à savoir :
1. Former : « Nous nous engageons à accompagner, dans l’acte de construire, les opérateurs de la famille des bâtisseurs en lien avec les organismes de formation. Nous nous engageons également dans un effort de formation continue de nos professionnels, de l’amont à l’aval. »
A l’image du programme FEEBAT (Formations aux Économies d’Énergie), mis en place pour accompagner la montée en compétences des professionnels de la filière Bâtiment ( initiale et continue), la filière bois suggère de déployer, à compter de 2021, « une grande initiative nationale pour la formation à la construction mixte et bas carbone, outil d’accompagnement de la RE 2020 pour le volet développement des compétences ». Elle propose notamment de mettre à disposition les connaissances des experts métiers de la filière bois-construction et leurs outils pour la conception de tels programmes de formation, adaptés aux besoins de chaque public (architectes, enseignants, bureaux d’études, chefs d’entreprises, etc.). Elle s’engage également à expérimenter puis généraliser la gestion et les outils de parcours de professionnalisation de l’ensemble des branches bois-construction (sylviculture, reboisement, exploitation forestière et travail mécanique du bois, mais aussi des métiers de la construction).
2. Développer l’emploi : « Nous nous engageons, en augmentant nos capacités de production, à développer l’emploi et à produire de la valeur ajoutée. »
Selon le communiqué, entre 2016 et 2018, les entreprises de la filière ont gagné plus de 20 220 emplois directs, soit avant la crise de la Covid, et sur ces deux exercices, une création de valeur ajoutée supplémentaire de près de 1,5 milliards d’euros. « Sur la période des 5 ans à venir, cela représenterait environ 75 000 emplois puisqu’il y aurait 45 000 départs à la retraite à compenser et 30 000 nouveaux arrivants, dans le cadre d’une politique ambitieuse fondée sur la trajectoire programmée par la RE2020», souligne-t-il.
3. Mobiliser les volumes : « Nous nous engageons à favoriser les investissements liés au développement des usines de première et de deuxième transformation vers des produits mixtes, combinant le bois à d’autres matériaux, afin de répondre aux exigences du marché en termes de volume. »
Si la France a déjà développé des bois innovants (contre-collés, lamellés-collés, CLT etc.), le communiqué précise qu’elle reste en retard comparé à d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Autriche, ou les pays scandinaves comme la Suède, le Danemark ou la Norvège.
4. Investir en recherche et développement : « Nous nous engageons vers un effort constant en matière de recherche et développement, allant de l’ingénierie à la conception de produits et systèmes constructifs novateurs, afin de favoriser l’essor des marchés de la construction bois et biosourcée. »
La filière affirme que la construction bois et biosourcée est le premier marché de la décarbonation du secteur du bâtiment, mais aussi un marché d’avenir : « Le potentiel de développement du bâtiment-bois-biosourcé est estimé à 16,6 milliards d’euros en 2035 et à 17,1 milliards en 2050 ; avec un effet additionnel attendu sur la réduction des émissions de carbone du bâtiment de moins 40 millions de tonnes émises en 2035 ».
5. Développer l’offre en bois français : « Nous nous engageons à favoriser la construction de logements bas-carbone avec une priorité donnée au bois français. »
La filière rapporte que 63 % des besoins français de bois d’œuvre sont produits et récoltés dans la forêt française ; tandis que l’on exploite seulement 60 % de l’accroissement naturel de la forêt française. Pour développer l’utilisation de la ressource bois française, la filière s’engage à développer la garantie de la traçabilité de ses produits, en matière de provenance comme de gestion durable de la forêt.
6. Soutenir l’économie des territoires : « Nous nous engageons à développer des acteurs industriels de référence et des capacités de transformation au cœur des territoires français. »
Les entreprises de la filière bois emploient 12,5 % des effectifs de filière industrielle française,généralement dans desemploisenruralité,répartissurtoutleterritoireet peu délocalisables, souligne le communiqué. A ce titre, tous les acteurs (collectivités, acteurs de la construction, de l’immobilier, etc.) sont invités à se mobiliser ensemble pour « fixer les nouveaux critères d’une compétitivité durable pour la construction et pour la rénovation du bâti existant ».
7. Favoriser la mixité des matériaux : « Nous nous engageons à relever le défi de l’accroissement de la mixité des matériaux auprès des entreprises de la construction, forts de tous les acquis des programmes démonstrateurs menés depuis plusieurs années. »
La filière identifie plusieurs leviers opérationnels à actionner, dans le cadre de la RE2020 : massification de la rénovation énergétique et de la mixité d’emploi des matériaux pour la construction neuve, éco-conception des bâtiments, décarbonation et industrialisation (BIM, préfabrication) des filières construction, développement de nouvelles compétences.
8. Planter et replanter :« Nous nous engageons à maintenir un effort constant afin de garantir le renouvellement de la forêt française. »
La filière salue l’ambition du plan de relance, visant à l’installation de 50 millions de plants en 2021 et 2022, et préconise la trajectoire à soutenir ensuite, qui « est de planter un arbre par Français tous les ans, soit de l’ordre de 70 millions de plants chaque année jusqu’en 2035 ».
9. Réduire les coûts : « Nous nous engageons à maintenir un effort constant afin de massifier l’utilisation du bois et investir dans des outils de production pour diminuer les coûts. »
Le communiqué pointe le retard de productivité de la filière bois-construction : 43 000 postes non pourvus (pour 1 500 0000 actifs), un tiers des chantiers ne respectant pas les budgets de départ et une innovation faible dans le bâtiment.
Pour améliorer cette situation économique, la filière souhaite accompagner la numérisation des procédés et le développement des outils collaboratifs. A cet égard, elle s’engage :
- Pour l’innovation : développer les offres vertes renouvelant l’offre de produits pour le bâtiment (produits bois de structure, panneaux massifs structuraux, planchers préfabriqués, nouveaux isolants biosourcés, etc.) ;
- Pour la numérisation des procédés : développer des solutions pour la mise en œuvre, « rapides et sans défauts », grâce à la maîtrise poussée de la préfabrication d’éléments d’ouvrages, ensuite assemblés sur chantier, pour réduire les coûts des travaux ; généraliser les outils collaboratifs (BIM pour la conception, logiciels de gestion, etc.) pour obtenir des gains de productivité importants ;
10. Recycler le bois en fin de vie : « Nous nous engageons à investir dans les usines biomasse et à optimiser l’utilisation des produits bois en fin de vie. »
En termes de revalorisation du bois, le communiqué rappelle notamment que le secteur bois couvre 23 % des énergies renouvelables et que l’utilisation de bois-énergie constitue « une voie principale à la substitution des énergies fossiles, associant l’optimisation énergétique et la performance environnementale ». En effet, le carbone « libéré » représente du carbone biogénique, puisqu’il a été compensé par la gestion durable des forêts, avec la logique « un arbre récolté est systématiquement remplacé. »
Pour en savoir plus :
>> Découvrir le plan Ambition Bois Construction 2030